Après-tout, pourquoi pas, j'avais d'ailleurs quelques vérités à sortir. Parce que les soucis de Zara, ce sont un peu ceux de beaucoup de gens. On s'en sent responsable, on va jusqu'à se dire "Ben ouais, je l'ai bien cherché, pourquoi j'ai été aussi naïf ? Tant pis pour moi". Sauf que dans le cas de Zara, des naïves dans son genre, beaucoup de monde en a besoin si j'en juge par la profusion des sites pornos sur le net, et la section XXX des services de V.O.D.
Alors que les actionnaires de Kleenex, dont ces naïves font la fortune, restent sourds, que le syndicat des pornophiles refuse de défiler dans la rue pour réclamer un porno équitable et durable, le moins que je puisse faire c'est de ravaler ma fierté et d'écrire à ce président.
Copie de la lettre envoyée tout à l'heure:
Monsieur Le Président,
Je me permets, en tant que simple citoyen, d'attirer votre attention sur la situation d'une compatriote, Esther S. (dans l'original le nom de famille est entier) connue à la scène sous le pseudonyme de Zara Whites. Ancienne égérie dans l'industrie pornographique, elle vit actuellement une situation plus que difficile avec un contentieux fiscal.
Sans entrer dans les détails de son affaire, je souhaite vous apporter un certain éclairage sur un milieu que vous connaissez certainement très mal. Ayant moi-même côtoyé cette "industrie" il y a quelques années, en qualité de rédacteur, je peux témoigner du climat qui y régnait à l'époque où Mlle Whites officiait. Ambiance qui y est certainement encore de mise.
C'est l'industrie du pauvre, l'exploitation à grande échelle de la misère sociale, tant du consommateur que de l'acteur. Alors que l'administration judiciaire et les ligues de vertu dénoncent et scrutent les atteintes morales des actes sexuels dépeints, la mise à disposition et l'affichage, contrôlent la dignité humaine, pensez-vous qu'il n'y a jamais de victime ? Considérez simplement que le code du travail regorgeant de nombreuses réglementations sur la sécurité, n'a même jamais envisagé d'imposer le préservatif dans le porno.
L'usine de l'argent facile mâche, physiquement, ses produits, sa matière première fragile, naïve
vulnérable toujours en position de faiblesse même si sur la jaquette on en fait parfois des princesses, des maîtresses femmes, des dominatrices. La justice aveugle, plissant les yeux pour discerner les fortunes occultes, l'outrage aux bonnes moeurs, oublie parfois dans son rééquilibrage de la balance certaines victimes.
Pour résumer mon propos, M. Le Président, pensez-vous que Mme Esther S., mère de famille, désormais sans emploi, ne mérite pas l'assistance et la protection que la société ne lui a pas octroyée lorsqu'elle était Mlle Whites ? Il ne s'agirait pas d'un passe droit, mais ne pourriez-vous pas lui fournir l'aide et le conseil d'un fonctionnaire de l'administration fiscale ?
veuillez agréer, Monsieur Le Président, mes salutations distinguées.
Voilà, comme le permet la loi, je n'ai pas timbré ma lettre au président. Et je vous invite à faire pareil en prenant soin pour une fois de ne pas le menacer de mort (doit y avoir une loi qui punit ça), ni de lui demander de nouvelles de Cécilia (va probablement y avoir une loi...).
Plus sérieusement, et pour expliquer les choses, Zara Whites est une ex-star internationale, inutile de préciser dans quelle catégorie, mais les plus de 30 ans l'ont probablement vue cryptée le samedi soir, et les moins de 30 ont usé leur puberté avec elle sur M6 et peut être RTL9. Très peu se sont un jour demandé qui pouvaient être ces nanas dans la vie réelle, beaucoup sont toujours persuadés que les actrices de "Brouteuses en chaleur" vivent à quatre pattes dans un pays merveilleux où les arbres sont d'immenses phallus en latex. Non, il n'y a que Travolta et Tom Cruise qui vivent dans leurs films. La réalité serait tout à fait banale si elles n'avaient pas tatoué à vie sur le front un triple XXX.
Zara aujourd'hui, c'est Esther, mariée, mère de famille, en règle avec l'administration de l'immigration, bloggeuse assidue (pas comme certains, suivez mon regard dans le miroir), végétarienne, écolo, militante et, comme personne n'est parfait, fan de Brigitte Bardot (elle va loin dans l'intégration). Elle assume son passé, mais comme beaucoup de filles la rupture avec le milieu la laisse, excuse moi Esther, dans la dèche totale. Peu importe les circonstances de son infortune, ça me semble profondément injuste.
Ayant moi même vu dans ce milieu de vraies petites fortunes parader avec des liasses de billets de millionnaires devant la maison de maître (juré craché, j'ai vu cette photo... Et si tu te reconnais, Richard, fais ton examen de conscience). Ayant moi-même donné à bouffer aux carpes chinoises de l'un de ces nababs (sauf que celui-là est quand même plus à plaindre aujourd'hui, et lui c'est mérité). Je me dis que quelque part, on pourrait regarder un peu moins les contorsions artistiques pour vérifier un peu plus comment c'est fait le porno. Un peu comme des consommateurs responsables.
Maintenant les mecs, je vous force pas, mais je vous recommande très très fortement deux choses, d'écrire à votre président et d'aller soutenir ma copine Esther. Je sais qu'il y'a plein de mecs qui viennent encore sur ce blog tous les jours avec les mots-clés "Louise Bourgoin Nue", pour une fois que faire preuve d'un peu de militantisme est à votre portée, n'hésitez pas et ça vous reposera la main (pitié, évitez d'être lourds pour une fois).
Plus efficace, et là je suis encore plus sérieux, si par le plus pur des hasards, un avocat fiscaliste sérieux (pas ceux de Doc Gynéco, ou de Johnny) ou ayant de bonnes relations avec l'administration (ceux de Doc Gynéco ou de Johnny, par exemple) passait par ici, ce serait bien, sur un plan purement morale, de proposer votre aide. Si vous aviez de la petite monnaie pour acheter quelques Airbus ou une dizaine de Rafales, un coup de bigo à Nicolas ce serait bien aussi.
Fébronio.