jeudi 13 décembre 2007

Monsieur Le Président

Voilà, depuis quelques mois j'avais rangé ma plume au râtelier, l'encre séparément pour éviter les accidents (combien de fois ai-je failli me tirer dans le pied en la nettoyant ?!). Et j'ai été interpellé par l'appel d'une amie. Que puis-je faire pour l'aider ? Ecrire au président, rien que ça ! Et pourquoi ? Parce que ses impôts l'étouffent. Ecrire à ce président ! Moi !!!

Après-tout, pourquoi pas, j'avais d'ailleurs quelques vérités à sortir. Parce que les soucis de Zara, ce sont un peu ceux de beaucoup de gens. On s'en sent responsable, on va jusqu'à se dire "Ben ouais, je l'ai bien cherché, pourquoi j'ai été aussi naïf ? Tant pis pour moi". Sauf que dans le cas de Zara, des naïves dans son genre, beaucoup de monde en a besoin si j'en juge par la profusion des sites pornos sur le net, et la section XXX des services de V.O.D.

Alors que les actionnaires de Kleenex, dont ces naïves font la fortune, restent sourds, que le syndicat des pornophiles refuse de défiler dans la rue pour réclamer un porno équitable et durable, le moins que je puisse faire c'est de ravaler ma fierté et d'écrire à ce président.


Copie de la lettre envoyée tout à l'heure:


Monsieur Le Président,


Je me permets, en tant que simple citoyen, d'attirer votre attention sur la situation d'une compatriote, Esther S. (dans l'original le nom de famille est entier) connue à la scène sous le pseudonyme de Zara Whites. Ancienne égérie dans l'industrie pornographique, elle vit actuellement une situation plus que difficile avec un contentieux fiscal.
Sans entrer dans les détails de son affaire, je souhaite vous apporter un certain éclairage sur un milieu que vous connaissez certainement très mal. Ayant moi-même côtoyé cette "industrie" il y a quelques années, en qualité de rédacteur, je peux témoigner du climat qui y régnait à l'époque où Mlle Whites officiait. Ambiance qui y est certainement encore de mise.
C'est l'industrie du pauvre, l'exploitation à grande échelle de la misère sociale, tant du consommateur que de l'acteur. Alors que l'administration judiciaire et les ligues de vertu dénoncent et scrutent les atteintes morales des actes sexuels dépeints, la mise à disposition et l'affichage, contrôlent la dignité humaine, pensez-vous qu'il n'y a jamais de victime ? Considérez simplement que le code du travail regorgeant de nombreuses réglementations sur la sécurité, n'a même jamais envisagé d'imposer le préservatif dans le porno.
L'usine de l'argent facile mâche, physiquement, ses produits, sa matière première fragile, naïve
vulnérable toujours en position de faiblesse même si sur la jaquette on en fait parfois des princesses, des maîtresses femmes, des dominatrices. La justice aveugle, plissant les yeux pour discerner les fortunes occultes, l'outrage aux bonnes moeurs, oublie parfois dans son rééquilibrage de la balance certaines victimes.
Pour résumer mon propos, M. Le Président, pensez-vous que Mme Esther S., mère de famille, désormais sans emploi, ne mérite pas l'assistance et la protection que la société ne lui a pas octroyée lorsqu'elle était Mlle Whites ? Il ne s'agirait pas d'un passe droit, mais ne pourriez-vous pas lui fournir l'aide et le conseil d'un fonctionnaire de l'administration fiscale ?

veuillez agréer, Monsieur Le Président, mes salutations distinguées.




Voilà, comme le permet la loi, je n'ai pas timbré ma lettre au président. Et je vous invite à faire pareil en prenant soin pour une fois de ne pas le menacer de mort (doit y avoir une loi qui punit ça), ni de lui demander de nouvelles de Cécilia (va probablement y avoir une loi...).

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Plus sérieusement, et pour expliquer les choses, Zara Whites est une ex-star internationale, inutile de préciser dans quelle catégorie, mais les plus de 30 ans l'ont probablement vue cryptée le samedi soir, et les moins de 30 ont usé leur puberté avec elle sur M6 et peut être RTL9. Très peu se sont un jour demandé qui pouvaient être ces nanas dans la vie réelle, beaucoup sont toujours persuadés que les actrices de "Brouteuses en chaleur" vivent à quatre pattes dans un pays merveilleux où les arbres sont d'immenses phallus en latex. Non, il n'y a que Travolta et Tom Cruise qui vivent dans leurs films. La réalité serait tout à fait banale si elles n'avaient pas tatoué à vie sur le front un triple XXX.

Zara aujourd'hui, c'est Esther, mariée, mère de famille, en règle avec l'administration de l'immigration, bloggeuse assidue (pas comme certains, suivez mon regard dans le miroir), végétarienne, écolo, militante et, comme personne n'est parfait, fan de Brigitte Bardot (elle va loin dans l'intégration). Elle assume son passé, mais comme beaucoup de filles la rupture avec le milieu la laisse, excuse moi Esther, dans la dèche totale. Peu importe les circonstances de son infortune, ça me semble profondément injuste.

Ayant moi même vu dans ce milieu de vraies petites fortunes parader avec des liasses de billets de millionnaires devant la maison de maître (juré craché, j'ai vu cette photo... Et si tu te reconnais, Richard, fais ton examen de conscience). Ayant moi-même donné à bouffer aux carpes chinoises de l'un de ces nababs (sauf que celui-là est quand même plus à plaindre aujourd'hui, et lui c'est mérité). Je me dis que quelque part, on pourrait regarder un peu moins les contorsions artistiques pour vérifier un peu plus comment c'est fait le porno. Un peu comme des consommateurs responsables.

Maintenant les mecs, je vous force pas, mais je vous recommande très très fortement deux choses, d'écrire à votre président et d'aller soutenir ma copine Esther. Je sais qu'il y'a plein de mecs qui viennent encore sur ce blog tous les jours avec les mots-clés "Louise Bourgoin Nue", pour une fois que faire preuve d'un peu de militantisme est à votre portée, n'hésitez pas et ça vous reposera la main (pitié, évitez d'être lourds pour une fois).

Plus efficace, et là je suis encore plus sérieux, si par le plus pur des hasards, un avocat fiscaliste sérieux (pas ceux de Doc Gynéco, ou de Johnny) ou ayant de bonnes relations avec l'administration (ceux de Doc Gynéco ou de Johnny, par exemple) passait par ici, ce serait bien, sur un plan purement morale, de proposer votre aide. Si vous aviez de la petite monnaie pour acheter quelques Airbus ou une dizaine de Rafales, un coup de bigo à Nicolas ce serait bien aussi.

Fébronio.

mercredi 21 novembre 2007

Back in town

Hein ? Quoi ? T'étais parti ? Ah bon ? J'avais pas remarqué... T'es sûr ? Remarque, je me disais bien que le net tournait beaucoup plus vite ces six derniers mois. J'avais mis ça sur le compte de la fin de la campagne électorale et des propagandistes d'extrême gauche rentrés piteux à la maison.
Alors quoi ? Tu t'es enfin acheté le bunker de tes rêves et t'as passé six mois à percer du béton pour le câble téléphonique ? Les murs épais de 3 m et le système de décontamination d'air, ça doit pas être bon pour le wifi, si ? Bon, allez, tu nous as fait une tite déprime post-raclée électorale.
A moins que... T'as succombé à la mode, t'as emplafonné une Peugeot tricolore, heureusement, et tu t'en es tiré grâce à la formidable déformabilité de la carrosserie Norme Française. On se demande pourquoi Renault ne fabrique plus de chars d'assaut.
Attends, attends, je sais... hé, hé, saligot, t'as rencontré une blonde mon pépère. Et après t'avoir laissés plusieurs nuits sans une goutte de fluide, elle t'a lâché le compte bancaire sans une goutte de liquide. Tu te feras toujours avoir par là. L'attache caravane à l'air, l'auvent sur les genoux.
Moi, je m'inquiétais, t'sais qu'avec mon imagination aussi fertile que tordue, je pensais presque que des hommes en costard Berlutti noir, lunettes fumées Afflelous, chaussures anglaises, coupe réglementairement barannée, sourire d'antibiotique, des Patrick Bateman fringués à la Will Smith, l'aile obscure d'une nouvelle agence d'une répression quelconque, t'avaient embarqué costume rayé et numéroté assortie à ta cellule, bracelets inox et unisexe, chaînes chromées. Avec des potes corses, on était à deux doigts de te planifier un bon de sortie au trinitrotoluène en bâton.
Bon, ben pisque t'es de retour, c'est ta tournée, alors ?

Fébronio

dimanche 13 mai 2007

L'abstention regagne du terrain, le journalisme en perd

Il est vrai qu'avec 83,97 % (chiffre du ministère de l'intérieur), la participation à l'élection présidentielle de 2007 a atteint des sommets. Pourtant, l'abstention, se tapit toujours là où on l'attendrais le moins. Ne pas aller voter est un comportement électoral comme un autre d'après moi. On devrait avoir le droit (et on l'a je crois, non ?) de bouder une consultation populaire dès lors que cela heurte quelque part nos convictions. Je ne dis pas, si on se met à bouder les urnes pour une partie de pêche à la coquillette, un week-end bricolage autour d'une bière ou le quatrième décès d'une grand-tante, ça n'est pas très civique. C'est même con au point de mériter de se voir retirer le droit de vote (ce qui serait inutile d'ailleurs). Mais marquer son désintérêt de la politique par l'acte civique de rester à la maison est par nature un acte politique. Le Borgne qui fait honte aux bretons l'a bien saisi, en appelant à plusieurs reprises à aller à la pêche lors de certaines de ses campagnes perdues (sauf l'avant dernière). Donc, s'abstenir pour de bonnes raisons n'est qu'une dérive dangereuse de la classe politique, la démobilisation de l'électorat, la balle dans le pied du beau parleur.
Parmi les 7 130 729 abstentionnistes, il y en aurait une célèbre dont il faut parler avec précautions. Après tout, je ne suis qu'un obscur blogger et mes lecteurs ne seront pas étonnés quand, juste après mon incarcération, ils apprendront que je suis un dangereux asocial paranoïaque doublé d'un pervers polymorphe, que l'inspection méticuleuse de mes disques durs à mis à jour de nombreux fichiers vidéos à caractère pornographique mettant en scène des animaux de ferme bardés de cuir copulant avec des gens de maison consentants, que mon esprit malade fomentait un coup d'état visant à rétablir sur le trône de France l'autorité druidique extra-terrestre de Graou'Ly XIX le Vénusien et que l'analyse complète de mon code génétique a révélé une étonnante addiction grammaticale aux phrases exagérément alambiquées et aux énumérations insensées. Je me dois d'assurer ma propre protection dans un monde où le péquin de bas étage peut tomber par hasard sur un scoop que les marchands d'armes milliardaires ont presque réussi à étouffer. Donc parmi les sept millions d'abstentionnistes, il y'en aurait une célèbre.
Afin de ne pas vous apprendre son nom moi-même, je vous renvoie d'abord sur le journal du dimanche propriété d'Arnaud Lagardère (c'est combien la semaine sur ses yachts ?) comme Campagne Décoration et la chaîne télé Gulli. Arnaud Largardère est aussi l'ancien employeur d'Alain Genestar l'ex-directeur de la rédaction de Paris-Match qui avait publié une histoire à dormir debout à propos d'une nana à coucher dehors et qui aurait une très très forte ressemblance avec la célèbre abstentionniste. Attention, n'allez pas détourner mes propos, les histoires de cocus, même s'ils sont très connus je m'en contrefous. J'aurais voté pour Ségo (au second tour, bien sûr) même si j'avais vu François Hollande au fond d'une back-room entouré d'un nombre impressionnant de camionneurs habillés en dentelles de Calais, et pour José (en premier) si j'apprenais qu'il entretenait une relation plus que soutenue avec l'une de ses chèvres. Que les lectrices (phallocrate !!!) avide de confidences grivoises ne se méprennent pas, je n'ai pas (encore) de scoop sur ceux là. Les seuls secrets intimes que j'ai à révéler sont les miens et uniquement sur l'oreiller (je vous recommande mon histoire salace avec la brune et la blonde dans les toilettes de la gare Matabiau).
Digressions faites, poisson noyé, je vous recommande l'article et le site de rue89 fait par d'anciens de Libé. Vous y lirez l'histoire déchirante d'une femme moderne tiraillée entre sa conscience d'épouse et sa haine des pièces jaunes, et comment un journaliste courageux refuse de violer l'intimité de celle-ci.

Fébronio

mercredi 9 mai 2007

Arbeit macht reich*

*Littéralement : Le travail rend riche...(Travailler plus pour gagner plus)



la galère de la fonk
envoyé par mozinor

La revue de troupes à bord de l'USS Paloma, croiseur d'attaque banalisé, m'a fait prendre conscience que je me trompais lourdement. Dans mon post "Le candidat G-nome", je m'inquiétais d'avoir moi-même trop souvent recours à la caricature. L'ironie facile, la raillerie gratuite ne mènent à rien. La caricature faite par des amateurs militants, comme je pense l'être, n'a rien de constructif, à tel point que j'aime aussi moquer des gens que j'apprécie énormément. Bové, l'éleveur de biquettes, dépiauteur de Mac Do, révolutionnaire de plein champs, Joey Starr, le Delarue des bas quartiers, Croque-dorée, le Jaguar bicylindre, ou d'autres encore (en particulier ceux qui ne me connaissent pas personnellement, ça évite les malentendus). Néanmoins, ça peut froisser, vexer, blesser même... Surtout si c'est repris sérieusement par des gens sans humour. Ca passe aussi pour de la bonne blague, pour avoir l'air sérieux et crédible y'a mieux que la gaudriole. Et puis, il y a les esprits simples qui se retrouvent galvanisés par une bonne vanne et s'en vont servir des cocktails molotov au bar de la police. Bref, il y a encore quelques jours, je trouvais la caricature outrancière dont je suis si friand contre-productrive. Snif...

Love, exciting and new Come Aboard. We're expecting you.

Et soudain, le nouvel amiral de la république quitte quelques jours le Titanic dont il vient juste de recevoir le commandement pour convoler en Méditerranée (réchauffement climatique oblige, on y trouve moins d'icebergs en cette saison). Pendant des mois, je répétais Sarko-facho suppôt du capital avec une petite voix en moi qui me disait : "Ok, ça te fait rire, mais c'est gamin, t'as plus l'âge de te moquer des petites gens". Il avait beau multiplier les visites dans les usines à grandes tapes dans le dos des ouvriers, multiplier les références à Jaurès, Blum, Mendes-France, je continuais d'ignorer la petite voix qui me hurlait "C'est peut être un politique, mais même s'il le dit juste pour se faire élire, il se doit se douter qu'on lui rebalancera ses discours à la première occasion". N'empêche, la première occasion a été celle d'un formidable pied de nez du candidat du peuple (entre autres, U-M-P ça veut dire Union pour une Majorité Populaire) les noix au soleil sur le deck à 200 000 euros la semaine. Faut être honnête et reconnaître ses propres limites. Hé ouais, je viens de me rendre compte que j'avais pas assez d'imagination pour caricaturer le candidat de la rupture tranquille autant qu'il en est capable lui-même. J'ai probablement trouvé mon maître (dis pas ça, ça porte malheur).

Fébronio
Merci à Mozinor le clairvoyant pour son excellente parodie en tête de ce post... La première fois que je l'ai vue, je regrettais de ne pas avoir de raison de l'utiliser. Merci donc aussi aux établissements Bolloré (de père en fils depuis 1822), à l'équipage du Paloma, ainsi qu'à notre bien aimé Président Elu, que sa lumière nous guide, pour m'avoir fourni un prétexte pour l'utiliser.

lundi 7 mai 2007

Bienvenue dans la France d'aprés (2)

Voilà, c'est fait. 53 %... Ils sont donc plus nombreux les bourriquets à avoir choisi l'école de pensée Steevy Boulay, le courant culturel Barbelivien-Hallyday-Clavier et la doctrine économique Forgeard-Gergorin-Breton. Bien sûr, je suis très amer, et à cause de celà, je vous demanderais de bien vouloir prendre un peu de distance avec mes propos avant de vous mettre à penser... Les leaders d'opinions sont dans l'autre camp. De mon coté, je vous engage à vous (ré ?) entrainer à penser par vous-même, on va en avoir besoin.

Certains se sont étonnés de ne pas avoir vu de nouveaux posts de ma part entre les deux tours (Tain, Fébro qu'est ce tu fous ? T'es mort ? T'es en taule ? Un élu UMP t'a fait casser les doigts ?). En fait, n'étant pas superstitieux donc incapable de faire la différence entre des propos qui porte bonheur et d'autres qui porterait la poisse, j'avais décidé de ne pas tenter le sort en restant sur une prudente réserve. On ne sait jamais avec le hasard. Peine perdue, toutes les incantations, danses de la pluie, poupées vaudous (miniatures), cérémonies à poil autour d'un feu de camp, processions, auto-flagellations, tous les cierges, poulets éventrés (attention, c'est une image... J'aime trop le rap pour en faire moi-même), pneus de 4x4 lardés à l'Opinel, sacrifices de chèvres (là aussi c'est une image, je n'ai porté atteinte à aucune chanteuse québecoise), grigris fétichistes, tous les trucs mystiques qu'on pourrait imaginer n'a pas suffit. On est dedans jusqu'au cou, et par des contorsions miraculeuses j'ai l'impression qu'on continue encore à creuser.


Ce matin, avec ma gueule des mauvais jours qui risque de devenir celle de tous les jours, je suis sorti observer la ville sous occupation sarkozyste. La mauvaise foi du gauchiste en guise de conscience, je guettais les signes d'un changement. Dans un bistrot de quartier, un vrai, pas une de ces brasseries aseptisées dont le décor tente de cacher l'absence d'âme, le patron semble guêter comme moi. Lui aussi, c'est un vrai patron de bistrot comme je les ai déjà décrit dans un de mes premiers posts. Il s'est fait cambrioler deux fois cette année, hier soir, on lui a bousillé une de ses tables de terrasse : "C'était pas les anti-Sarkos qui ont défilé cette nuit en scandant des âneries. Je les ai vus ceux-là, ils se sont contenté de gueuler." Dans le troquet, il y a d'autres commerçants de la rue pour un petit café d'avant 9h. Certains s'inquiètent pour leurs vitrines en se réjouissant d'être dans une rue piétonne sans bagnole à cramer. "Deux incendies dans la rue, ça suffit déjà. Et le type que les flics ont serré au flashball vendredi soir..." lance l'épicière. "Ils avaient juste anticipé de 48h", je lance vicelard, "le risque maintenant, c'est que beaucoup de monde attend Sarko au tournant, ils guettent le faux pas, la moindre provoc', la petite phrase ambigue." Le patron sonde sa clientèle, "ouais, on sait qui c'est ceux-là." Il a son idée bien sûr, mais reste vague des fois qu'il y ai un gauchiste à une de ses tables. Et je suis bien là. "Non, y'a de tout, des casseurs, des politiciens sans scrupules, des révolutionnaires, des paranos, des dealers, des cas sociaux, des idiots, des stratèges... de tout, qui n'attend que la confrontation." J'en suis pas, gauchiste d'accord, mais un peu trop froussard pour ériger la première barricade... Pour l'instant.


Profitant que le tabac est encore en vente libre, je consolide ma stratégie du suicide lent et douloureux à moins que ce soit ma répulsion envers les politiques hygiénistes. La buraliste sert une dame devant moi. Policé, éduqué, j'attends mon tour, je me pousse même quand le vieux entre derrière moi. Pas de bonjour, certainement persuadé que ça fait plus jeune, il chope le Figaro avec la trombine de "l'éclatant vainqueur" au-dessus d'une pub pour une montre de marque. Aïe. La dame devant moi n'a pas fini de négocier son ticket à gratter, j'attends toujours patient et bien élevé. "Bonjour M. Machin", lance la buraliste. Ernest Antoine Machin, compagnon de la libération des bigorneaux, pose son canard sur le comptoir déjà maculé d'hébdos people à la gloire du chef. La politesse c'est juste à la préfecture, et seulement en présence d'un haut fonctionnaire, certainement pas pour les péquins qui font la file dans le petit commerce. La dame devant moi prendra son temps pour mieux choisir la couleur du billet de loterie pour la fortune, moi j'ai qu'à m'habiller correctement. Papy, résistant de la première heure depuis hier soir, sort son biffeton de 50 pour payer sur le champ avant la plèbe qui transpire son torchon qu'il a décidé de faire encadrer pour l'ajouter en bonus à son héritage désormais détaxé. La commerçante, complice, peut être soumise à l'occupant, se jette sur le billet et pendant qu'elle galère pour rendre la monnaie, meuble avec son client pressé à la retraite. "Alors M. Machin, vous avez pas trop fêté ?" Le vieux est donc connu dans le quartier pour ses sympathies douteuses. "Trois bouteilles de champ' " qu'il répond. "Vous avec vot' Dame ?!" s'étonne-t-elle les mains enfoncées dans la caisse."On a fêté avec mon fils." Ah ! Donc ils se reproduisent. Sans autre choix que de prendre mon mal en patience, j'imagine la scène familiale estampillée pure France, monsieur, madame et le fiston, debout ma main droite sur le coeur, la gauche sur la coupette entonnant la Marseillaise. Connement, ça m'a rappelé les vendredi matin au garde à vous devant la montée des couleurs sur la place d'arme du régiment. J'avais l'impression à cette époque de faire un tout avec mes camarades habillés en vert avec un petit chapeau rouge comme moi. Aujourd'hui, dans ce bureau de tabac, j'ai pas assez d'imagination pour concevoir ce que j'ai en commun avec le malotru victorieux qui passe avant tout le monde.


La victoire électorale rend peut être con, à moins que ce soit l'exaltation des lendemains qui chantent "Président, nous voilà !!!". Je suis peut être parano, peut être aigri. C'est peut être ma vision du monde et non le monde qui a changé hier. En tous cas, je vais rester vigilant sur ma santé mentale, mon casier judiciaire et mon journal télévisé.

lundi 23 avril 2007

On y est


C'est avec un énorme abcès dentaire que je vous annonce que près d'un demi million de français ont voté comme moi (si j'étais pessimiste je dirais à peine 500 000, mais je suis optimiste). 1.32% pour José, c'est mieux que Nihous (ouf), 1.15 %, qui n'a pas atteint son objectif de battre Voynet (re-ouf). Il y a en France au moins 479 221 personnes qui partagent mon opinion sur la société, probablement plus en raison du vote utile. Ce n'est pas un vote de rejet de la classe politique en général, mais plutôt l'expression d'une conscience plus large de la politique. Conscience qu'il faut insérer dans le débat autre chose que l'économie, que dans un monde globalisé, il ne faut seulement vivre avec les marchandises étrangères mais aussi avec ceux qui les fabriquent. 1.32%, ça va en rafraîchir certains qui pourraient penser que la majorité a toujours raison, personnellement, moi qui ai pris l'habitude d'avoir raison avant tout le monde, je crois que c'est un bon début.


Happy birthday Lénine, good bye Eltsine.

Le jour du 137ème anniversaire du père de la révolution russe et la veille de la mort de celui qui en est finalement arrivé à bout, l'extrême gauche en France est à la ramasse. A ta santé Boris ! Besancenot tire encore son épingle du jeu, mais si son discours est franchement révolutionnaire, j'ai peur que ce soit sa bonne bouille qui fasse son succés. Un peu comme une miss monde avec une forte poitrine et un prix nobel dont on ne verrait que la paire de roberts (on avait Hue et Marley, mais c'est pas ceux là). J'ai honte de dire ça, peur qu'on y voit la jalousie d'un mec attiré politiquement plutôt par des moustachus, bourrus, rudes, aux mains calleuses. Si seulement on pouvait se débarrasser des midinettes des isoloirs plus ouvertes aux photos couleurs des couvertures people qu'aux manifestes monochromes et révolutionnaires. En derniers recours, puisqu'il faut vraiment se foutre de la démocratie, d'autant que la révolution en est une suspension, réquisitionnons l'avantageuse plastique de Clémentine Autain pour faire l'union autour. Puisque désormais il s'agit plus de communication que de politique, créons "sexy gauchiste" et tous les slogans qui feront bander l'électeur et gémir l'électrice.

Cocus qui s'en dédit

85 % de participation, une victoire pour tout les partis sauf un. Les efforts de Sarko à reprendre, revendiquer les thèmes contestables du FN ont porté leurs fruits. En proportions, par rapport à 2002, le borgne a perdu 7 points. On peut se demander en faveur de qui... Entre deux profanations de cimetière, les électeurs FN se sont déplacés vers les bureaux de vote et dans la moite et confortable intimité démocratique de l'isoloir, ils ont voté pour celui des candidats qui défend le mieux leurs idées. Et quel plaisir d'entendre le maréchal de Saint Cloud hennir que les français sont des cocus, comme un mari jaloux qui accuserait la légitime de son rival de coucher avec l'ennemi. Entre cornards, leurs petits doivent avoir d'étranges patrimoines génétiques. Quelle drôle de paroisse que celle des pères la pudeur du peuple dont on imagine les messes orgiaques avec des stars du show biz' de toutes les couleurs (une orgie clandestine sans un gros black n'est pas une vraie orgie à droite) de tous les sexes, de tous les orientations sexuelles, des frères, des soeurs la main dans la culotte d'un zouave, des beauf' la main dans la culotte de l'avant veille, des gros tatoués et tondus encanaillés par de nobles maigrelets, des évêques à cross de cuir, des dames patronnesses frippées et fouettées par des choristes lubriques et pré-pubères, et un casque à pointe au milieu qui attend toujours de servir de trône au chef. FELLINI !!!

Fébronio