dimanche 13 mai 2007

L'abstention regagne du terrain, le journalisme en perd

Il est vrai qu'avec 83,97 % (chiffre du ministère de l'intérieur), la participation à l'élection présidentielle de 2007 a atteint des sommets. Pourtant, l'abstention, se tapit toujours là où on l'attendrais le moins. Ne pas aller voter est un comportement électoral comme un autre d'après moi. On devrait avoir le droit (et on l'a je crois, non ?) de bouder une consultation populaire dès lors que cela heurte quelque part nos convictions. Je ne dis pas, si on se met à bouder les urnes pour une partie de pêche à la coquillette, un week-end bricolage autour d'une bière ou le quatrième décès d'une grand-tante, ça n'est pas très civique. C'est même con au point de mériter de se voir retirer le droit de vote (ce qui serait inutile d'ailleurs). Mais marquer son désintérêt de la politique par l'acte civique de rester à la maison est par nature un acte politique. Le Borgne qui fait honte aux bretons l'a bien saisi, en appelant à plusieurs reprises à aller à la pêche lors de certaines de ses campagnes perdues (sauf l'avant dernière). Donc, s'abstenir pour de bonnes raisons n'est qu'une dérive dangereuse de la classe politique, la démobilisation de l'électorat, la balle dans le pied du beau parleur.
Parmi les 7 130 729 abstentionnistes, il y en aurait une célèbre dont il faut parler avec précautions. Après tout, je ne suis qu'un obscur blogger et mes lecteurs ne seront pas étonnés quand, juste après mon incarcération, ils apprendront que je suis un dangereux asocial paranoïaque doublé d'un pervers polymorphe, que l'inspection méticuleuse de mes disques durs à mis à jour de nombreux fichiers vidéos à caractère pornographique mettant en scène des animaux de ferme bardés de cuir copulant avec des gens de maison consentants, que mon esprit malade fomentait un coup d'état visant à rétablir sur le trône de France l'autorité druidique extra-terrestre de Graou'Ly XIX le Vénusien et que l'analyse complète de mon code génétique a révélé une étonnante addiction grammaticale aux phrases exagérément alambiquées et aux énumérations insensées. Je me dois d'assurer ma propre protection dans un monde où le péquin de bas étage peut tomber par hasard sur un scoop que les marchands d'armes milliardaires ont presque réussi à étouffer. Donc parmi les sept millions d'abstentionnistes, il y'en aurait une célèbre.
Afin de ne pas vous apprendre son nom moi-même, je vous renvoie d'abord sur le journal du dimanche propriété d'Arnaud Lagardère (c'est combien la semaine sur ses yachts ?) comme Campagne Décoration et la chaîne télé Gulli. Arnaud Largardère est aussi l'ancien employeur d'Alain Genestar l'ex-directeur de la rédaction de Paris-Match qui avait publié une histoire à dormir debout à propos d'une nana à coucher dehors et qui aurait une très très forte ressemblance avec la célèbre abstentionniste. Attention, n'allez pas détourner mes propos, les histoires de cocus, même s'ils sont très connus je m'en contrefous. J'aurais voté pour Ségo (au second tour, bien sûr) même si j'avais vu François Hollande au fond d'une back-room entouré d'un nombre impressionnant de camionneurs habillés en dentelles de Calais, et pour José (en premier) si j'apprenais qu'il entretenait une relation plus que soutenue avec l'une de ses chèvres. Que les lectrices (phallocrate !!!) avide de confidences grivoises ne se méprennent pas, je n'ai pas (encore) de scoop sur ceux là. Les seuls secrets intimes que j'ai à révéler sont les miens et uniquement sur l'oreiller (je vous recommande mon histoire salace avec la brune et la blonde dans les toilettes de la gare Matabiau).
Digressions faites, poisson noyé, je vous recommande l'article et le site de rue89 fait par d'anciens de Libé. Vous y lirez l'histoire déchirante d'une femme moderne tiraillée entre sa conscience d'épouse et sa haine des pièces jaunes, et comment un journaliste courageux refuse de violer l'intimité de celle-ci.

Fébronio

mercredi 9 mai 2007

Arbeit macht reich*

*Littéralement : Le travail rend riche...(Travailler plus pour gagner plus)



la galère de la fonk
envoyé par mozinor

La revue de troupes à bord de l'USS Paloma, croiseur d'attaque banalisé, m'a fait prendre conscience que je me trompais lourdement. Dans mon post "Le candidat G-nome", je m'inquiétais d'avoir moi-même trop souvent recours à la caricature. L'ironie facile, la raillerie gratuite ne mènent à rien. La caricature faite par des amateurs militants, comme je pense l'être, n'a rien de constructif, à tel point que j'aime aussi moquer des gens que j'apprécie énormément. Bové, l'éleveur de biquettes, dépiauteur de Mac Do, révolutionnaire de plein champs, Joey Starr, le Delarue des bas quartiers, Croque-dorée, le Jaguar bicylindre, ou d'autres encore (en particulier ceux qui ne me connaissent pas personnellement, ça évite les malentendus). Néanmoins, ça peut froisser, vexer, blesser même... Surtout si c'est repris sérieusement par des gens sans humour. Ca passe aussi pour de la bonne blague, pour avoir l'air sérieux et crédible y'a mieux que la gaudriole. Et puis, il y a les esprits simples qui se retrouvent galvanisés par une bonne vanne et s'en vont servir des cocktails molotov au bar de la police. Bref, il y a encore quelques jours, je trouvais la caricature outrancière dont je suis si friand contre-productrive. Snif...

Love, exciting and new Come Aboard. We're expecting you.

Et soudain, le nouvel amiral de la république quitte quelques jours le Titanic dont il vient juste de recevoir le commandement pour convoler en Méditerranée (réchauffement climatique oblige, on y trouve moins d'icebergs en cette saison). Pendant des mois, je répétais Sarko-facho suppôt du capital avec une petite voix en moi qui me disait : "Ok, ça te fait rire, mais c'est gamin, t'as plus l'âge de te moquer des petites gens". Il avait beau multiplier les visites dans les usines à grandes tapes dans le dos des ouvriers, multiplier les références à Jaurès, Blum, Mendes-France, je continuais d'ignorer la petite voix qui me hurlait "C'est peut être un politique, mais même s'il le dit juste pour se faire élire, il se doit se douter qu'on lui rebalancera ses discours à la première occasion". N'empêche, la première occasion a été celle d'un formidable pied de nez du candidat du peuple (entre autres, U-M-P ça veut dire Union pour une Majorité Populaire) les noix au soleil sur le deck à 200 000 euros la semaine. Faut être honnête et reconnaître ses propres limites. Hé ouais, je viens de me rendre compte que j'avais pas assez d'imagination pour caricaturer le candidat de la rupture tranquille autant qu'il en est capable lui-même. J'ai probablement trouvé mon maître (dis pas ça, ça porte malheur).

Fébronio
Merci à Mozinor le clairvoyant pour son excellente parodie en tête de ce post... La première fois que je l'ai vue, je regrettais de ne pas avoir de raison de l'utiliser. Merci donc aussi aux établissements Bolloré (de père en fils depuis 1822), à l'équipage du Paloma, ainsi qu'à notre bien aimé Président Elu, que sa lumière nous guide, pour m'avoir fourni un prétexte pour l'utiliser.

lundi 7 mai 2007

Bienvenue dans la France d'aprés (2)

Voilà, c'est fait. 53 %... Ils sont donc plus nombreux les bourriquets à avoir choisi l'école de pensée Steevy Boulay, le courant culturel Barbelivien-Hallyday-Clavier et la doctrine économique Forgeard-Gergorin-Breton. Bien sûr, je suis très amer, et à cause de celà, je vous demanderais de bien vouloir prendre un peu de distance avec mes propos avant de vous mettre à penser... Les leaders d'opinions sont dans l'autre camp. De mon coté, je vous engage à vous (ré ?) entrainer à penser par vous-même, on va en avoir besoin.

Certains se sont étonnés de ne pas avoir vu de nouveaux posts de ma part entre les deux tours (Tain, Fébro qu'est ce tu fous ? T'es mort ? T'es en taule ? Un élu UMP t'a fait casser les doigts ?). En fait, n'étant pas superstitieux donc incapable de faire la différence entre des propos qui porte bonheur et d'autres qui porterait la poisse, j'avais décidé de ne pas tenter le sort en restant sur une prudente réserve. On ne sait jamais avec le hasard. Peine perdue, toutes les incantations, danses de la pluie, poupées vaudous (miniatures), cérémonies à poil autour d'un feu de camp, processions, auto-flagellations, tous les cierges, poulets éventrés (attention, c'est une image... J'aime trop le rap pour en faire moi-même), pneus de 4x4 lardés à l'Opinel, sacrifices de chèvres (là aussi c'est une image, je n'ai porté atteinte à aucune chanteuse québecoise), grigris fétichistes, tous les trucs mystiques qu'on pourrait imaginer n'a pas suffit. On est dedans jusqu'au cou, et par des contorsions miraculeuses j'ai l'impression qu'on continue encore à creuser.


Ce matin, avec ma gueule des mauvais jours qui risque de devenir celle de tous les jours, je suis sorti observer la ville sous occupation sarkozyste. La mauvaise foi du gauchiste en guise de conscience, je guettais les signes d'un changement. Dans un bistrot de quartier, un vrai, pas une de ces brasseries aseptisées dont le décor tente de cacher l'absence d'âme, le patron semble guêter comme moi. Lui aussi, c'est un vrai patron de bistrot comme je les ai déjà décrit dans un de mes premiers posts. Il s'est fait cambrioler deux fois cette année, hier soir, on lui a bousillé une de ses tables de terrasse : "C'était pas les anti-Sarkos qui ont défilé cette nuit en scandant des âneries. Je les ai vus ceux-là, ils se sont contenté de gueuler." Dans le troquet, il y a d'autres commerçants de la rue pour un petit café d'avant 9h. Certains s'inquiètent pour leurs vitrines en se réjouissant d'être dans une rue piétonne sans bagnole à cramer. "Deux incendies dans la rue, ça suffit déjà. Et le type que les flics ont serré au flashball vendredi soir..." lance l'épicière. "Ils avaient juste anticipé de 48h", je lance vicelard, "le risque maintenant, c'est que beaucoup de monde attend Sarko au tournant, ils guettent le faux pas, la moindre provoc', la petite phrase ambigue." Le patron sonde sa clientèle, "ouais, on sait qui c'est ceux-là." Il a son idée bien sûr, mais reste vague des fois qu'il y ai un gauchiste à une de ses tables. Et je suis bien là. "Non, y'a de tout, des casseurs, des politiciens sans scrupules, des révolutionnaires, des paranos, des dealers, des cas sociaux, des idiots, des stratèges... de tout, qui n'attend que la confrontation." J'en suis pas, gauchiste d'accord, mais un peu trop froussard pour ériger la première barricade... Pour l'instant.


Profitant que le tabac est encore en vente libre, je consolide ma stratégie du suicide lent et douloureux à moins que ce soit ma répulsion envers les politiques hygiénistes. La buraliste sert une dame devant moi. Policé, éduqué, j'attends mon tour, je me pousse même quand le vieux entre derrière moi. Pas de bonjour, certainement persuadé que ça fait plus jeune, il chope le Figaro avec la trombine de "l'éclatant vainqueur" au-dessus d'une pub pour une montre de marque. Aïe. La dame devant moi n'a pas fini de négocier son ticket à gratter, j'attends toujours patient et bien élevé. "Bonjour M. Machin", lance la buraliste. Ernest Antoine Machin, compagnon de la libération des bigorneaux, pose son canard sur le comptoir déjà maculé d'hébdos people à la gloire du chef. La politesse c'est juste à la préfecture, et seulement en présence d'un haut fonctionnaire, certainement pas pour les péquins qui font la file dans le petit commerce. La dame devant moi prendra son temps pour mieux choisir la couleur du billet de loterie pour la fortune, moi j'ai qu'à m'habiller correctement. Papy, résistant de la première heure depuis hier soir, sort son biffeton de 50 pour payer sur le champ avant la plèbe qui transpire son torchon qu'il a décidé de faire encadrer pour l'ajouter en bonus à son héritage désormais détaxé. La commerçante, complice, peut être soumise à l'occupant, se jette sur le billet et pendant qu'elle galère pour rendre la monnaie, meuble avec son client pressé à la retraite. "Alors M. Machin, vous avez pas trop fêté ?" Le vieux est donc connu dans le quartier pour ses sympathies douteuses. "Trois bouteilles de champ' " qu'il répond. "Vous avec vot' Dame ?!" s'étonne-t-elle les mains enfoncées dans la caisse."On a fêté avec mon fils." Ah ! Donc ils se reproduisent. Sans autre choix que de prendre mon mal en patience, j'imagine la scène familiale estampillée pure France, monsieur, madame et le fiston, debout ma main droite sur le coeur, la gauche sur la coupette entonnant la Marseillaise. Connement, ça m'a rappelé les vendredi matin au garde à vous devant la montée des couleurs sur la place d'arme du régiment. J'avais l'impression à cette époque de faire un tout avec mes camarades habillés en vert avec un petit chapeau rouge comme moi. Aujourd'hui, dans ce bureau de tabac, j'ai pas assez d'imagination pour concevoir ce que j'ai en commun avec le malotru victorieux qui passe avant tout le monde.


La victoire électorale rend peut être con, à moins que ce soit l'exaltation des lendemains qui chantent "Président, nous voilà !!!". Je suis peut être parano, peut être aigri. C'est peut être ma vision du monde et non le monde qui a changé hier. En tous cas, je vais rester vigilant sur ma santé mentale, mon casier judiciaire et mon journal télévisé.